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Une volée de critiques contre l'aide au développement - aussi par Büchel

veröffentlicht am Donnerstag, 23.07.2015

Le Temps, Le Temps online


www.letemps.ch/Page/Uuid/4967ec94-30a7-11e5-903f-511fc5349148/Une_volée_de_critiques_contre_laide_au_développement

http://avenue.argus.ch/avenue20153/Q3/1095889/58569881.pdf

 

Coopération jeudi 23 juillet 2015

Une volée de critiques contre l’aide au développement

 

Depuis le début de l’été, la Direction du développement et de la coopération subit une forte critique contre son manque de transparence. Même si la réorganisation de l’aide humanitaire a suscité des tensions et frustrations, c’est l’augmentation du budget jusqu’à 0,5% du revenu national brut qui est au cœur du débat

Coïncidences, stratégie de déstabilisation ou accumulation de dysfonctionnements? Depuis quelques jours, dans un climat politique tendu, la Direction du développement et de la coopération (DDC) est l’objet de très sévères critiques de la part de la presse alémanique: «La chambre noire de l’aide au développement», «Favoritisme, opacité, arrogance».

En cause, le manque de transparence pour l’attribution des aides publiques, mais aussi les effets de la centralisation et de l’intégration de la coopération dans les structures des Affaires étrangères. La DDC, toujours moins présente sur la scène médiatique et privée de son propre service d’information, souffre d’une communication déficiente.

De son côté, l’UDC dénonce elle aussi l’inefficacité et la corruption dans le domaine de la coopération. Depuis des années, elle s’oppose à toute augmentation de budget. Cette année, le budget de l’aide publique a augmenté de 280 millions de francs pour atteindre 3,2 milliards. L’objectif de parvenir à 0,5% du revenu national brut (RNB) pour l’aide publique suisse provoque bien des convoitises alors que la Confédération envisage un plan d’économies de près d’un milliard dans son prochain plan financier.

En mars, le quotidien Blick avait allumé la mèche en s’interrogeant sur la nécessité d’ouvrir un bureau de coordination dans la capitale des Emirats arabes unis, Abu Dhabi, une région qui n’est pas particulièrement nécessiteuse. Interpellé par le conseiller national Roland Büchel (UDC/SG) sur les coûts de ce bureau, près de 450 000 francs annuellement, le ministre des Affaires étrangères Didier Burkhalter n’a guère convaincu. Selon lui, il s’agirait de coordonner les échanges entre les institutions humanitaires et de développement de la péninsule Arabique en relation avec le conflit syrien.

Proche de l’UDC, le magazine Weltwoche a repris l’histoire au début juillet, soupçonnant que l’existence de ce bureau à Abu Dhabi avait surtout permis de recaser l’ancienne sous-directrice de la DDC Maya Tissafi, prévue à l’origine comme ambassadrice au Maroc. Dimanche dernier, la NZZ am Sonntag et SonntagsBlick semblaient s’être donné le mot pour pointer du doigt le manque de transparence au sein de la DDC.

SonntagsBlick citait le témoignage de Jan Stiefel, un ingénieur agronome et coopérant de longue date, qui dénonce la dilapidation de l’argent dans l’aide au développement, l’attribution de mandats par copinage ou l’absence de critères clairs pour soutenir les projets.

De son côté, la NZZ am Sonntag, s’appuyant sur le classement établi par l’ONG «Publish What You Fund», constatait que la Suisse a du mal à publier toutes les informations nécessaires pour juger de la destination et de l’utilisation des fonds attribués à des projets. Alors qu’elle figurait en bonne position l’an dernier, elle aurait reculé au rang des pays les moins transparents.

«Il n’est pas justifié de parler de chambre noire, se défend la DDC, au contraire, les finances sont gérées selon des standards professionnels, retravaillés après notre réorganisation de 2008-2012. D’ailleurs, les commissions parlementaires se sont exprimées positivement sur nos standards.» S’agissant de l’attribution des mandats, hormis les cas d’urgence lors de catastrophes, «nous appliquons les règles des offres publiques publiées sur notre site internet. Tous nos rapports sont publics», ajoute la DDC.

«Erreur stratégique»

Peter Niggli, directeur d’Alliance Sud, qui regroupe les principales ONG d’entraide, ne se formalise pas de ces accusations. Le fait que la carrière au service extérieur puisse s’ouvrir à des coordinateurs de la DDC sans formation diplomatique provoque toujours des frustrations dans le corps diplomatique. D’autre part, le défaut de certaines données sur le site internet de la DDC s’expliquerait par des raisons techniques.

Mais l’absence d’une politique autonome de communication depuis le regroupement de certains services au sein du DFAE n’arrange rien. «Réduire la communication de la DDC a été une erreur stratégique», estime Peter Niggli. «Nous soupçonnons que, face aux réductions budgétaires imposées au service diplomatique, le regroupement des ambassades et des bureaux de coordination permet en réalité de faire passer sur le budget de l’aide publique au développement (APD) des frais totalement étrangers», dit-il. Des frais d’ambassades seraient mis à la charge de la coopération.

Roland Büchel partage les mêmes doutes. «Trop souvent des contrats conclus par la DDC ne nous sont pas présentés. Il y a un problème de transparence. Il faut revoir le système de contrôle interne. Exiger davantage d’indépendance, voire instituer un contrôle externe.»

Président de la Commission des affaires extérieures, le socialiste Carlo Sommaruga regrette tout d’abord le fait que Didier Burkhalter n’apparaisse pas vraiment intéressé par la mission de l’aide au développement. Dès lors, la DDC manque de visibilité. Mais il voit surtout dans la simultanéité des critiques une tentative de déstabilisation politique avant le grand débat de l’an prochain sur les crédits d’engagement 2017-2020 de l’ordre de 12 à 13 milliards.

Plusieurs tentatives de revenir sur l’engagement de la Suisse d’atteindre 0,5% du RNB ont échoué, mais le député genevois s’attend à une nouvelle offensive. Déjà certaines tâches, comme une partie des premiers coûts de l’asile, la participation suisse à la Banque asiatique de développement et sans doute demain la contribution à la lutte contre les changements climatiques, sont financées par le budget de l’aide au développement.

D’ailleurs Roland Büchel estime qu’il n’y a pas de raison que le budget de l’APD échappe aux réductions imposées à d’autres secteurs, même à l’armée. Il verrait même d’un bon œil que la Confédération transfère de plus en plus d’opérations à des ONG et que la DDC assure essentiellement un rôle de redistribution des fonds.

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