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Büchel veut la peau des cinq centimes

veröffentlicht am Freitag, 05.04.2013

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www.lematin.ch/suisse/veut-peau-cinq-centimes/story/13347440

 

Embarrassante, inutile et d’une autre époque: la pièce de 5 centimes devrait être retirée, selon Roland Büchel. Le conseiller national (UDC/SG) relance un débat ultraémotionnel outre-Sarine.

La petite pièce de 5 centimes suisses a-t-elle encore une raison d’être autre que celle de plaire aux enfants par sa couleur? Un conseiller national en doute et demande par voie de motion sa mise hors cours.

«Cette pièce n’est plus acceptée dans aucun automate, elle pèse lourd dans le porte-monnaie. Elle ne s’utilise même plus pour les pourboires! Si vous donnez 5 centimes à quelqu’un, c’est pris comme une injure. Bref, elle embarrasse», argumente Roland Rino Büchel (UDC/SG).

Il relance ainsi au niveau du Parlement un débat déjà mené en 2005 par le Conseil fédéral: l’abolition de la pièce de 5 centimes. N’a-t-il pas l’impression de s’acharner?

«Si on fait la moyenne sur les 10 dernières années, on remarque clairement que la production des pièces de 5 centimes est plus chère que la valeur même de ces sous. Alors bien sûr, cela ne menace pas les finances du pays, mais on peut tout de même discuter raisonnablement de ce que l’on fait avec ce type de monnaie», explique l’élu.

Pièce plus chère que sa valeur

En 2005, il fallait en effet déjà dépenser 6 centimes pour frapper une pièce de 5, fait dans un alliage aluminium-zinc-nickel. Le coût actuel du sou reste inconnu, mais il est avéré qu’il faut en produire beaucoup. Pour alléger leur porte-monnaie, les Suisses ont en effet tendance à les mettre de côté. Du coup, il faut sans cesse en fabriquer.

On parle d’ailleurs de la troisième pièce la plus fréquente du pays, avec un ordre de grandeur qui donne le vertige. «L’an dernier, il y avait en moyenne environ 1000 millions de pièces de 5 centimes en circulation», indique Silvia Oppliger, porte-parole de la Banque nationale suisse.

Mais l’idée d’abolir le sou aura-t-elle davantage de succès aujourd’hui qu’en 2005? A l’époque, le projet mené par le conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz s’était heurté à l’opposition conjointe des commerçants de détail et des associations de consommateurs.

«Les uns craignaient de perdre une marge sur les produits, tandis que les autres évoquaient un renchérissement général», rappelle Roland Büchel. Mais aujourd’hui, poursuit-il, Aldi ou Lidl font déjà des prix à 1.99 ou 1.19 et arrondissent le tout à la caisse: «Je ne vois pas le problème.»

«De l’émotion pure!»

Voilà pour les principaux arguments économiques. Mais la valeur émotionnelle et nostalgique de la pièce de 5 centimes compte aussi! Celle qui servait à l’époque à acheter les fameux bonbons à un sou est restée dans le cœur de certains citoyens. Roland Büchel a pu s’en rendre compte.

Le Saint-Gallois a reçu des courriers incendiaires depuis qu’il a déposé sa motion au Parlement fédéral. «Des personnes m’écrivent que les pièces de 5 centimes leur permettent de partir en vacances, parce qu’elles les collectionnent. Mais elles peuvent aussi collectionner les 10 centimes! D’autres m’écrivent des cartes postales pour me parler de la valeur de l’argent. C’est de l’émotion pure. Je n’aurais jamais imaginé cela!» raconte-t-il.

Le sou, un vrai patrimoine à protéger? Pour Mario Pietroforte, patron de RDV-Collections à Vevey, actif dans la numismatique, la passion de la piécette dorée s’efface tout de même peu à peu. «Il y a eu une période où tout le monde gardait les 5 centimes. Maintenant, j’en ai des tonnes. Certes, il y a encore des collectionneurs, mais je ne ressens pas un désir passionnel autour de cette pièce», estime-t-il.

«D’un point de vue de collectionneur, je pense qu’il faudrait les garder. Mais d’un point de vue commercial, on peut les éliminer. Dans le porte-monnaie, elles dérangent plus qu’autre chose!» Modernité ou hérésie? La mort du sou dépend désormais des Chambres fédérales. (Le Matin)

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